Être « médecin de soi-même » ne veut pas du tout dire « être médecin ».
Le point de départ est qu’il y a PLUSIEURS MÉDECINES.
Quand Kelly Turner interroge des patients incurables-suvivants, ces derniers témoignent qu’ils deviennent PILOTES de la stratégie thérapeutique.
Ce qui veut dire :
– choisir la bonne médecine
– choisir le bon médecin dans la bonne médecine
– choisir parmi les propositions du bon médecin
Et puis, il y a Descartes …
En France, au lycée, on étudies 9 éléments de la pensée de Descartes.
1. Le Cogito. 2. Le doute. 3. La distinction âme/corps. 4. La méthode scientifique et rationnelle. 5. La morale provisoire. 6. La question de Dieu. 7. La question de la vérité. 9. La liberté. 10. La maîtrise des passions.
Donc, le programme évite l’essentiel des 500 pages que Descartes a écrit sur la santé, la maladie et la thérapie !!!
Alors que cela représente 1/5 de ses écrits !!!
Pourquoi ?
La science française, la médecine française, se disent cartésiennes.
Cher lecteur, je t’invite à demander à ton toubib cartésien de te dire quelque chose de la pensée complexe de Descartes et de l’évolution de la dite pensée au fil de la courte vie du savant … et tu me mets un commentaire en bas de cet article.
Même question à tous les cartésiens autour de toi …
Donc, les lycéens français n’étudient PAS une partie CRUCIALE de la pensée de Descartes :
Comment sauver sa peau ?
En 1637, Descartes, 41 ans, écrit :
La conservation de la santé a été de tout temps le principal de mes desseins, et le fondement de tous les autres biens de cette vie. Car même l’esprit dépend si fort du tempérament, et de la disposition des organes du corps, que si cela est possible de trouver quelque moyen qui rende communément les hommes plus sages et plus habiles qu’ils n’ont été jusques ici, je crois que c’est en la médecine qu’on doit le chercher. Discours de la méthode, 6ᵉ partie.
En 1645, notre savant écrit :
Tout ce que j’en puis dire à présent est que je suis de l’opinion de Tibère, qui voulait que ceux qui ont atteint l’âge de trente ans, eussent assez d’expériences des choses qui leur peuvent nuire ou profiter, pour être eux-mêmes leurs médecins.
Il me semble qu’il n’y a personne, qui ait un peu d’esprit, qui ne puisse mieux remarquer ce qui est utile à sa santé, pourvu qu’il y veuille un peu prendre garde, que les plus savants docteurs ne lui sauraient enseigner.
Cela correspond à ce que j’ai décrit plus haut :
J’exerce mon esprit critique sur le médicament, le médecin, la médecine !
Pour comprendre, il faut une petite idée de ce que disent les savants docteurs en 1645 :
Galien et Hippocrate nous ont enseigné que la santé est l’équilibre des quatre humeurs (sang, phlegme, bile jaune, bile noire). La maladie est un déséquilibre humoral qui se soigne par les saignées, les purges et les lavements.
Molière décrit une ordonnance :
Il faut lui donner du petit lait clarifié, avec douze grains de sel de Saturne, et le purger avec du séné et de la casse.
Le sel de Saturne est de l’acétate de plomb toxique voire mortel !!!
La casse muette – cassia fistula – est très bonne pour la santé … si c’est le patient qui en décide subtilement la quantité pour ne pas se vider excessivement les boyaux.
Le risque étant celui d’une déshydratation avec déséquilibre électrolytique – perte de potassium, sodium, etc. dont on peut mourir si l’on n’y met un peu de bonne volonté !!!
Au temps de Descartes, la pensée de Paracelse – médecin du siècle précédent – progresse :
La cause de la maladie est un désordre chimique plutôt qu’humoral !
Les remèdes chimiques – antimoine, mercure, soufre, sels – soignent.
Soignent ou bien empoisonnent le patient.
Le patient qui fuit les médecins pour ne pas être empoisonné se retourne vers :
– les traités des plantes médicinales s’il est lettré
– le guérisseur local qui connait les plantes médicinales. (1)
Le survivant d’aujourd’hui et le non-survivant d’hier – Descartes est mort à 50 ans – ont donc :
– un regard critique sur ce que propose la médecine dominante
– une recherche vers les AUTRES médecines
– une tentative de réaliser une méthode efficace – ci-après la Médecine totale des survivants

Notes
(1) Plantes médicinales du temps de Descartes encore prescrites aujourd’hui – merci ChatGPT :
🌱 Plantes digestives
- Menthe (Mentha, menthe poivrée, menthe verte) → toujours utilisée contre les troubles digestifs, les nausées, le syndrome de l’intestin irritable.
- Gingembre (Zingiber) → nausées, mal des transports, digestion.
- Fenouil (Foeniculum) → ballonnements, digestion, coliques.
- Camomille (Matricaria) → apaisante pour l’estomac, légère sédative.
🌿 Système nerveux & détente
- Mélisse (Melissa officinalis) → calmante, anxiolytique douce, favorise le sommeil.
- Valériane (Valeriana officinalis) → aide naturelle au sommeil, apaisante.
- Lavande (Lavandula) → contre l’anxiété, les tensions, maux de tête.
- Romarin (Rosmarinus officinalis) → stimulant léger, mémoire, circulation.
- Sauge (Salvia officinalis) → pour la mémoire, mais aussi contre les maux de gorge.
🌸 Santé des femmes
- Alchémille (Alchemilla) → tradition pour les troubles menstruels.
- Gattilier (Vitex agnus-castus) → régulation du cycle, syndrome prémenstruel.
🌳 Cœur & circulation
- Digitale pourpre (Digitalis) → source de la digitaline, médicament cardiaque (aujourd’hui uniquement sous forme pharmaceutique purifiée).
- Aubépine (Crataegus) → utilisée en cas d’hypertension légère et d’insuffisance cardiaque modérée.
🌿 Purges & “nettoyants”
- Aloès (Aloe vera / Aloe ferox) → laxatif (usage médical très encadré aujourd’hui).
- Rhubarbe (Rheum officinale) → laxatif traditionnel.
- Séné (Cassia senna) → encore utilisé comme laxatif.
- Pissenlit (Taraxacum) → diurétique, soutien du foie.
🌱 Anti-infectieux & cicatrisants
- Thym (Thymus) → antiseptique, présent dans les sirops pour la toux.
- Plantain (Plantago) → adoucissant pour les plaies, la peau, et la toux.
- Millepertuis (Hypericum perforatum) → cicatrisant local, antidépresseur léger.
- Armoise absinthe (Artemisia absinthium) → vermifuge, antiparasitaire (et à l’origine de l’absinthe).
Illustration
J’imagine un dialogue entre Descartes 1640 et Kelly Turner 2010.

Une réflexion sur “Descartes et le médecin de lui-même”